Eric Woerth : quand il pactisait avec le Front National

Publié le par BétaPolitique

 

 

La dernière ligne de défense des dirigeants de l’UMP consiste à agiter l’épouvantail du Front national.

Ainsi selon Copé, suivi par les autres caciques, les révélations sur Woerth feraient le jeu de Marine Le Pen.

L’argument est particulièrement fallacieux de la part de ceux qui chassent en permanence sur les terres de l’extrême-droite. En l’espèce il rappelle surtout les turpitudes politiques de Woerth.

Ce ministre qui se présente comme un modèle de vertu et de rigueur a en fait largement participé dans sa région à la mise en place d’une alliance avec le Front National lors des élections régionales de 1998.

À cette période, la Picardie se distingue comme une région pionnière dans l’institution de ces alliances.

Le dirigeant local JF. Mancel, ancien secrétaire général du RPR et mentor d’Eric Woerth, en est l’architecte principal avant que Charles Baur ne prenne le relais au conseil régional.

LES ELECTIONS REGIONALES DE MARS 1998 EN PICARDIE

Elles donnent une majorité relative à la gauche plurielle avec 23 élus (dont 13 PS et 7 PCF) contre 20 pour la Droite (10 RPR, 9 UDF et 1 CPNT) 3 pour Lutte Ouvrière et 11 pour le Front National.

Grâce à une manœuvre l’ UDF Charles Baur est élu le 20 mars avec les voix de la droite et 11 voix du Front National.

Face aux réticences de certains conseillers de droite qui ne souhaitent pas mélanger leurs voix avec celles de l’extrême droite, une tromperie a été mise en place par les conjurés, dont Eric Woerth.

Le président du groupe FN, Pierre Descaves, ancien activiste OAS et qui a déjà permis l’élection de Mancel à la présidence du Conseil Général de l’Oise, se présente au deuxième tour, en prétendant haut et fort qu’il n’a pu s’entendre avec Baur.

Les quatre conseillers hostiles à l’alliance votent Baur en toute quiétude. Mais la candidature Descaves est en réalité un pur leurre puisque toutes les 11 voix du FN se portent sur Baur, permettant ainsi son élection surprise.

Woerth justifie ainsi la magouille :" Nous avons pris nos responsabilités pour éviter de livrer la Picardie aux communistes et à leurs alliés trotskistes auxquels ils avaient promis une vice-présidence ".

La même stratégie est reconduite pour l’élection des 4 vice-présidents. Ils sont élus chacun au troisième tour de scrutin, par 27 voix (11 FN, 15 RPR-UDF, 1 CPNT) contre 23 à gauche.

Éric Woerth écrit encore dans Le Figaro, le 31 août 1998 : " Nous avions délibérément voté pour (Charles) Baur avec un seul objectif : éviter que cette région ne soit donnée au Parti communiste ". D’après les accords nationaux signés au sein de la gauche, la présidence de cette région doit revenir à un élu communiste. L’argument de "l’exception picarde" sert d’alibi idéologique à l’alliance.

La gauche choisit, comme dans les trois autres régions, de mener une politique d’opposition systématique. En Picardie, elle se trouve renforcée par la dissidence des quelques élus de droite opposants résolus à Baur et à toute alliance avec le FN.

Ainsi, Alain Gest (UDF-DL), proche de Gilles de Robien (UDF-DL), n’hésite pas à voter plusieurs fois, avec la gauche particulièrement le 17 juillet 1998 pour éviter que des conseillers FN ne représentent la région dans les organismes extérieurs.

Le même jour, Gest démissionne de Démocratie Libérale dont il était le président départemental.

Gilles de Robien, député-maire UDF-DL d’Amiens, quitte également, avec éclat, ce parti et déchire sa carte de membre devant les caméras de télévision, pour protester contre l’intégration de Jacques Blanc (président de la région Languedoc-Roussillon élu avec les voix FN et actuel membre du club de JF Copé) au sein du groupe DL à l’Assemblée Nationale.

Celle-ci a été acceptée par son président Alain Madelin, membre fondateur du groupe fasciste Occident avec Gérard Longuet, Patrick Devedjian, et Claude Goasguen.

Eric Woerth ne se contente pas de faire élire C. Baur avec l’appui du Front National ; il poursuit son soutien tant qu’il peut préserver cette alliance.

LE VOTE DU BUDGET DE 1999

En janvier 1999, la droite se trouve divisée en trois groupes : les sept inconditionnels de Baur qui siègent au sein du groupe UPP (Union pour la Picardie), 3 conseillers RPR et UDF qui comptent ne pas voter pour le budget d’un exécutif dont ils contestent la légitimité, et l’intergroupe de l’Alliance RPR-UDF (10 élus) qui manoeuvre. Eric Woerth, président de cet intergroupe, se satisfait de cette situation : " Nous avons voté pour lui (Baur), nous n’allons pas faire un putsch ".

Baur menace de démissionner pour prévenir toute tentative de rébellion. Cette pression ne dérange pas Eric Woerth qui déjeune le jour même avec lui et refuse une nouvelle élection du président de région, qui aurait permis de le mettre dehors (cité par Le Figaro, du 15 janvier 1999).

Le budget est finalement rejeté le vendredi 15 janvier en ne recueillant que 23 voix. La collaboration entre la droite et Front National, soutenue jusqu’au bout par Woerth, s’effondre.

Woerth n’est jamais revenu sur l’infamie de l’alliance avec le parti de Le Pen.

Source:

http://www.betapolitique.fr/Eric-Woerth-quand-il-pactisait-55571.html

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